Je n'ai jamais compris pourquoi les gens s’obstinent à foutre des protections de merde sur tous les média dits "numériques" (ne dites pas "digital", s'il vous plait).
Déjà dans les années 80, les éditeurs persistaient à mettre des protections ridicules sur leurs jeux vidéos, histoire de gagner de quelques jours à quelques semaines avant que leurs ventes soit menacées par les méchants pirates. Protections, qui, soit dit en passant, étaient souvent une contrainte pour les gens ayant acheté le jeu légalement (ceux qui ont galéré avec des questions sur la notice ou les divers éléments contenus dans la boite pour pouvoir jouer comprendront)
Et cette sale manie n'a pas changé. Les éditeurs ont essayé de nous faire le coup pour feu les CD - je ne sais même pas si ça existe encore - avec le pitoyable Copy Control, puis sur les DVD avec DeCSS, craqué avant même la sortie des premières galettes, et bien sûr avec nos chers MP3... Heureusement que pour une fois Apple a fait une bonne action (en fait calculée, pour contrer la sortie du Zune) en boutant les DRM hors de son iT(h)unes, et les éditeurs ont suivi. Liberté. Depuis, j'achète la plupart des albums que j'écoute, je suis redevenu un consommateur comblé qui n'a pas peur d'acheter un truc inutilisable.
Mais j'ai pris le train des livres électroniques. Et guess who's coming to dinner ...le retour des fameux DRM. De façon plutôt insidieuse, on vous propose le choix entre epub et pdf (grande classe, avoir les deux à la fois n'aurait pas été un luxe), avec une petite mention: "Attention : ce format est souvent verrouillé par le système d'Adobe dit « DRM ». Dans ce cas, seul Adobe Digital Edition® (version gratuite disponible sur le site Adobe), et quelques logiciels agréés permettent de déchiffrer ces fichiers."
Moi, plutôt naïf, me disant qu'après tout les DRM n'étaient qu'un mauvais souvenir, m'étais décidé à acheter deux bouquins chez un grand distributeur. Surprise, une fois transféré sur mon ordi, impossible de les lire comme j'avais pu les faire pour des œuvres du domaine public téléchargées "pour voir". Et en effet, pour pouvoir les lire j'avais besoin de leur fameux Adobe Digital MONCUL, avec une limitation sur le nombre de transferts et compagnie.
Cette histoire c'est terminé par une lettre d'insultes au distributeur (qui en fait n'y était pour rien, les verrous étant mis en place par les éditeurs), ainsi qu'un dynamitage des DRM à grand coup de script python afin que je puisse lire mes deux malheureux bouquins.
Et du coup je m'interroge. Je ne suis pas dans l'illégalité vu que 1) j'ai acheté - et cher en plus, les prix étant indexés sur la version reliée et non poche - tout à fait légalement ces bouquins, et que 2) je pense être plus ou moins dans mon droit, même si je ne suis pas juriste. Mais dois-je continuer d'acheter des livres farcis aux DRM et les virer systématiquement, ou m'interdire de les acheter en espérant que mon maigre boycott fera réfléchir les éditeurs ? ou attendre qu'ils comprennent enfin que c'est inutile et que le marché ne décollera vraiment que quand il n'y en aura plus ?
C'est dommage. Je n'ai aucune envie de revenir au livre papier, et l'offre sans DRM ne se limite en général qu'au domaine public, soit les vieux trucs et des auteurs plus ou moins amateurs, et du coup plus ou moins bons. Alors, once again, je suis, malgré ma grande honnêteté, obligé de continuer à jouer au méchant pirate en m'approvisionnant sur des sites fort peu recommandables. Espérons que cela changera rapidement.