Elle
By n on Friday 18 February 2011, 00:28 - Permalink
Je l'ai rencontré un jour de printemps. Enfin avant. Sans doute. Le temps n'a de toute façon pas grande importance pour moi, je suis d'un naturel casanier et une heureuse routine berce mon existence... Enfin, berçait, jusqu'à ce jour.
Je m'éveillais juste d'une sieste dument méritée, quand elle m'est apparu, magnifique, que dis-je, parfaite, habillée d'une simple mais somptueuse robe noire, sublimée par un discret collier blanc. Elle avait un regard flamboyant, et une voix profonde et rauque qui me fit tout de suite craquer.
Hélas, cent fois hélas, la demoiselle sembla plutôt insensible à mon charme, ainsi qu'à mes muscles, dont je n'étais pourtant pas peu fier. Il faut vous dire ici que je ne suis pas très à l'aise avec la gent féminine, l'ayant assez peu côtoyée; celle-ci se résumant, en fait et en toute franchise, à ma sainte mère et à mes très chères sœurs. Je décidait donc d'adopter la même technique: je feignis l'indifférence, paradant majestueusement devant ma Dame, ma Promise. Malheureusement, ceci ne donna pas de grands résultats.
Je ne désespérais pas; si elle semblait ne pas porter beaucoup d'attention à ma personne, elle ne partait pas non plus, ce qui était assez encourageant. Enfin, après un moment qui me parut interminable, elle décida de s'allonger. J'allais aussitôt faire de même non loin d'elle, l'air désinvolte, détaché et décontracté. Surtout continuer de feindre l'indifférence, elle finira par faire le premier pas. C'est sûr. Mais elle s'endormit bientôt, et je la contemplais longtemps. Elle était encore plus adorable ainsi, paisible. Puis je m'endormis à mon tour.
Ce moment d'intimité, contrairement à ce que j'avais espéré, ne facilita pas vraiment nos relations. La belle resta distante, voir même hostile à mes pauvres tentatives de rapprochement.
Puis, petit à petit, à force de patience, elle se laissa approcher. Parfois je pouvais même sentir la chaleur de son corps, ce qui provoquait en moi des sensations irrésistibles. Je ne savais trop qu'en penser, qu'arriverait-il ensuite, etc. Et puis très vite je me décidais à ne plus y penser, à laisser les choses se passer. Advienne que pourra. Carpe Diem.
Une franche complicité s'établit bientôt entre nous; évidemment nous avions parfois quelques prises de bec, mais cela était du à son caractère bien trempé, qui ne faisait qu'ajouter à son charme. Notre bonheur était complet. L'avenir s'annonçait radieux, un avenir sans nuage et en tandem, fait de jeux et de longues journées entières l'un tout contre l'autre.
Et puis un jour, comme elle était venu, elle a disparu. C'est dommage. Je pense que c'est sans doute lié à la visite de ces humains, car les deux moments coïncident. Enfin, tout ceci n'est après tout pas très grave, ma vie routinière et solitaire me suffit largement; il me suffit d'aller manger quelques croquettes, de retourner faire la sieste, et tout sera oublié. C'est aussi simple que cela.